Les réseaux sociaux : Outils d’apprentissage en devenir ?
RÉSUMÉ : L’arrivée en masse des réseaux sociaux et des espaces collaboratifs sur la toile a contribué à créer un Web social dont les pionniers acteurs du Web 2.0 viennent perturber tous les champs d’action de notre société dont notamment notre éducation. Cette nouvelle donne pédagogique incite des enseignants initialement réfractaires à intégrer cette dimension collaborative dans leur mode d’enseignement en pratiquant de nouveaux outils aujourd’hui maîtrisés par leurs élèves le plus souvent en dehors du circuit traditionnel d’enseignement. Qu’en est-il sur le terrain ? Les pratiques évoluent elles ? Faut-il considérer les réseaux sociaux comme des outils d’apprentissage en devenir ? Quelle pédagogie particulière ?
Bien que l’apprentissage en groupe soit encore très marginal en France et que l’ouverture au flux des pratiques du Web 2.0 encore une compétence à laquelle les enseignants ne sont pas forcément préparés, cet article fait le point sur l’état actuel du « Social Learning » et tente de dresser quelques pistes de développement en cours et à venir dans ce domaine.
Mots-clés : Apprentissage social, réseaux sociaux, web social, outils collaboratifs
1 INTRODUCTION
Notre société est passée trop vite au statut de société numérique sans que notre système éducatif ait pu s’adapter à ces nouveaux publics adeptes des outils collaboratifs et des réseaux sociaux.
En explorant les pratiques sur le terrain, il semble qu’une mutation soit en train de s’opérer sur le terrain avec d’un côté des enseignants souvent contraints à rentrer dans le flux des pratiques de leurs élèves et de l’autre des enseignants ayant déjà pris conscience que plus rien ne les rendra avant la situation de l’avènement du réseau Internet.
Les réseaux sociaux doivent permettre de redonner du pouvoir à l’enseignant en lui offrant la possibilité d’apprendre à distinguer les savoirs pertinents, de partager et de confronter les connaissances tout en offrant un nouveau style de dialogue.
Les outils sont là et si la sensibilisation et la formation des enseignants à ces espaces collaboratifs reste à la hauteur des attentes de notre société, les réseaux sociaux bien encadrés pourraient bien être aussi le moyen pour les élèves de redécouvrir de nouveaux moyens d’accès et de contrôle aux chemins de la connaissance.
2 TOUT APPRENTISSAGE EST SOCIAL
Après avoir été longtemps considérés comme des espaces personnels d’information, semblant de vie sociale à des personnes mal adaptées dans la vie réelle, la fréquentation de plates-formes communautaires est devenue aujourd’hui un moyen pour les élèves d’acquérir d’autres compétences. Rien de nouveau, diront certains, « un simple retour aux sources (1) » si l’on connait déjà Albert Bandura, psychologue canadien né en 1925. En 1963, il publie l’ouvrage intitulé "Social Learning and Personality", qui attendra près de 25 ans avant d’être traduit en français. Bandura développait déjà dans cet ouvrage la théorie de l’apprentissage social.
Selon lui, tout apprentissage est social et l’observation suivie de l’imitation permet de faire bien des économies dans le processus d’apprentissage : si l’on observe attentivement une personne compétente dans un domaine et qu’on s’attache à reproduire son comportement, l’on n’a pas besoin de procéder par une fastidieuse série d’essais-erreurs (comme le défendaient les behavioristes) pour parvenir au comportement ou au savoir faire juste.
Aujourd’hui, avec l’avènement des TICE, on parle plus communément de « Social Learning » qui permet l’apprentissage collaboratif, l’échange des uns avec les autres. Les étudiants apprennent à communiquer, éventuellement à reformuler pour être compris. Dans l’apprentissage collaboratif, les échanges qui en découlent sont très riches, car ils permettent aux étudiants d’avoir des retours et de revenir ainsi sur leurs apprentissages. Une étude réalisée par des chercheurs en technologies de l’éducation à l’Université du Minnesota (2 )montre en effet qu’il peut s’agir de formidables outils éducatifs. Des lycéens américains entre 16 et 18 ans ont été observés et interrogés pendant six mois sur leur rapport à Internet. Près de la totalité d’entre eux déclarent utiliser Internet. Plus de 80% dit se connecter de chez soi et les trois quarts ont un profil sur un réseau social comme MySpace, Facebook ou d’autres forums de discussion.
Et à la question : que vous apporte la fréquentation de ces sites ? La principale réponse est l’acquisition de compétences technologiques. Les autres motivations citées étant notamment la créativité, le fait d’être ouvert à la nouveauté et à des opinions différentes.
Dans un billet de l’Atelier (3), en juin 2008 on peut déjà lire que ces réseaux communautaires constitueraient des compétences nécessaires au XXIe siècle. "Nous nous sommes aperçus que les étudiants qui utilisent les réseaux sociaux acquièrent précisément le type de compétences qu’on attend d’eux au 21esiècle pour réussir" explique Christine Greenhow, l’une des principaux responsables de l’enquête.
Grâce aux réseaux communautaires, ces adolescents développent en effet un savoir-faire technologique non négligeable : télé-chargement mais aussi édition et modification de contenu. C’est désormais aux parents et aux éducateurs de se saisir du potentiel éducatif des sites communautaires. Selon Christine Greenhow, "maintenant que nous connaissons les compétences que les élèves acquièrent sur Internet, nous devons les encourager et les aider à les approfondir". Les adolescents n’ont pas toujours conscience de développer de telles capacités qui pourront leur être utiles d’un point de vue aussi bien scolaire que professionnel.
En allant plus loin, on apprend aussi que la réduction du fossé digital entre milieux sociaux s’opérerait avec l’utilisation de ces médias communautaires
On pense souvent que les élèves de milieux défavorisés sont technologiquement moins compétents que ceux issus de milieux supérieurs. Un sondage réalisé en 2005 par le Pew Internet & American Life Project4décrivait l’existence d’un "fossé digital" entre étudiants issus de milieux sociaux plus ou moins favorisés. Selon ce précédent sondage, seulement trois quart des adolescents américains issus de familles ayant des revenus modestes utilisaient Internet. Les résultats de l’étude de l’université du Minnesota montrent que cette proportion est en réalité plus importante et que la différence de compétences technologiques d’un milieu social à l’autre est moins contrastée. Selon Christine Greenhow, "les étudiants issus de milieux modestes sont aussi très connectés, et ce de façon quasi quotidienne".
Dernièrement lors du Sommet Mondial sur la Société de l’Information et face à la popularité croissante des nouveaux outils en ligne basés sur les applications Web 2.0, l’UNESCO a décidé d’organiser le débat de haut niveau sur les réseaux sociaux le 11 mai 2010 à Genève (Suisse). Ce fut l’occasion d’une discussion très animée autour des implications de ces réseaux sur les sociétés du savoir. Le débat réunissait environ 70 participants (représentants des gouvernements, du secteur privé et de la société civile, législateurs, décideurs et internautes), qui ont échangé leurs points de vue sur les chances offertes par ces nouveaux outils et les risques potentiels.
3 LE SOCIAL LEARNING : DE QUOI PARLE T-ON ?
Au lieu de s’inquiéter sur les dangers de ces espaces avec l’idée d’un simple mélange de vie privée et de vie publique, sur les dérives possibles d’une traçabilité indélébile qui poursuivra nos étudiants durant toute leur vie et pourrait nuire à son identité numérique dans quelques années, il convient de mesurer aujourd’hui leur impact dans le décor de notre éducation et de les considérer comme des environnements normaux faisant partie d’un nouveau style de vie de nos jeunes.
La posture de l’enseignant doit en effet changer face à une population de natifs du numérique (Génération Y ou Digital natives) née dans les années 1980-1990 et confrontée très tôt à l’informatique, aux consoles de jeux vidéo, à l’Internet. Les enseignants ‘Digital immigrants » ont à faire à une génération qui, comme le disent si bien Laure Kaltenbach et Alexandre Joux (5)« ne se souvient plus ou n’a pas connu la vie sans télé-phone mobile ni l’écriture sans traitement de texte » (p.93).
Sans se soucier de cette nouvelle dimension nous risquerions de rentrer dans le schéma décrit dans la lecture du philosophe Bernard Stiegler lors d’un entretien pour la revue Médiadoc « Les élèves d’aujourd’hui développent ces pratiques, et sont en avance sur leurs professeurs, sur un mode empirique et nécessairement naïf, qualificatif qui n’a rien de péjoratif ici.
Le retard du professeur peut devenir un point de repère s’il donne à penser la question du retard et donc le processus qui l’a produit. Mais si ce retard n’est pas pensé, cela devient un décrochage entre le professeur et ses élèves, c’est-à-dire aussi entre deux générations. Il y a donc trois questions à traiter : la formation des enseignants sur l’importance des supports, l’industrialisation des activités informationnelles, la production et le contrôle des métadonnées. »
Le Livre Blanc « Une introduction au Social Learning (6) » est le premier d’une série de documents qui aborde ce vaste sujet en France. Ecrit en deux langues et issu de cultures de l’entreprise diverses, il fournit de multiples perspectives sur le Social Learning. Dès lors, le Social Learning peut être considéré comme « le développement des savoirs, des aptitudes et attitudes, par la connexion aux autres - que ce soient des collègues, des mentors ou des experts - via les médias électroniques synchrones ou asynchrones ».
Florence Meichel (7), Consultante - conférencière et coach dans le domaine de l’éducation 2.0 et la formation 2.0, auteur du site « Apprendre 2.0 » associe le social- learning a un design organisationnel qu’elle appelle les réseaux apprenants.
Pour être efficients, elle précise que « les processus d’apprentissages en jeu doivent intégrer deux dimensions complémentaires : on apprend de ce que l’on fait en en parlant aux autres…et en même temps, on apprend comment on apprend : cela rejoint la notion d’apprendre à apprendre ». De ces deux approches découlent alors des processus d’apprentissage en double boucle, à la fois sur le plan individuel et collectif, qui permettent aux organisations de développer des compétences adaptatives permanentes et pertinentes.
Généralement, un animateur de communauté accompagne ces processus formatifs, l’idéal étant que progressivement les acteurs deviennent à la fois coapprenants et co-formateurs les uns des autres.
Dans l’ouvrage de David Fayon (8), je décris le sociallearning comme un outil de développement du savoir et les techniques d’apprentissage des connaissances (p.218). L’idée étant d’utiliser ces plates-formes collaboratives pour que les étudiants participent à l’élaboration du savoir, en proposant et en confrontant des textes ou des sources d’information face auxquels, l’enseignant reprend son rôle de facilitateur d’apprentissage.
Olivier Le Deuff évoque dans un article de son blog « Guidedesegares.info » une enquête menée sur le concept de Réseaux sociaux de loisirs créatifs comme nouveaux modes d’apprentissage. Il les envisage comme des milieux associés et donc participatifs. Il montre que les usagers ont développé des compétences au-delà des seules techniques de loisirs-créatifs. Il qualifie ces réseaux de réseaux associés en s’appuyant sur la définition de Stiegler(9) pour montrer que les usagers peuvent y progresser et prendre part.
Sur ces espaces de type Raverly.Com, l’envie de transmettre selon Olivier Le Deuff s’avère importante pour un grand nombre de participants même si cette même envie ne demeure parfois que démonstrative. La présence d’une culture technique s’observe dans les relations complexes entre les différents objets techniques, ceux issus des loisirs créatifs avec les outils tels les crochets et les aiguilles et les différentes matières et laines (10) ainsi qu’avec les objets issus du numérique.
Qu’en est-il aujourd’hui des pratiques et usages des réseaux sociaux d’apprentissage en éducation. La littérature scientifique française à ce niveau n’est pas abondante, loin de là. Il semblerait même qu’en France leur évolution soit très lente et freinée par une certaine frilosité de la part des enseignants à intégrer ces outils dans leur pédagogie. Il y a en effet de quoi innover avec les réseaux sociaux en éducation, ne serait-ce que dans les interactions entre l’enseignant et l’étudiant, la mise à distance de ressources portée par des plateformes numériques de ressources ou environnement numérique de travail, voire encore l’acte d’apprendre à apprendre en mode collaboratif.
4 QUELLES PRATIQUES EN EDUCATION ?
Les réseaux sociaux ont connu en 2009 une croissance de 82% par rapport au 2008 quant au temps passé connecté. Les derniers chiffres rapportés par Nielsen(11) sont très impressionnants. Le temps moyen par personne par mois passé connecté sur les réseaux sociaux état en 2009 de 5h35, franchissant allègrement les 3h03 de 2008.
Dans un sondage intitulé « Les profs et le Web 2.0) mené auprès des lecteurs du Café Pédagogique.net en novembre 2010, 519 personnes ont participé dont 443 enseignants (85%). Ceux-ci comptaient 24% d’enseignants du primaire, 19% du collège, 24% du lycée, les autres étant sur plusieurs niveaux. 44% des déclarants avaient plus de 20 ans d’ancienneté, 40% de 5 à 20 ans,16% avaient moins de 5 ans d’ancienneté.
Les tableaux de résultats repris dans cet article comme le précise François Jarraud font ressortir l’importance de la mutualisation et du web 2.« Le web 2 est déjà bien ancré dans les habitudes des enseignants : 55% utilisent Facebook, 57% un site collaboratif, 40% Google docs, 17% Twitter. Les trois quarts d’entre eux sont abonnés à une liste de discussion professionnelle. Les profs sont déjà au cœur de réseaux professionnels ou personnels ! »
86% des professeurs sondés pensent que les TICE ont aujourd’hui une efficacité pédagogique. 53% des enseignants répondent par l’affirmative en ce qui concerne l’utilité des réseaux sociaux en pédagogie, 16% ne sont pas d’accord et 31% ne savent pas.
On voit poindre ici par ce sondage une évolution progressive du comportement des enseignants face à la génération montante des natifs du digital. A l’instar des réseaux sociaux d’apprentissage des langues qui dominent le marché comme Lingomatch, fr.bab.la, Polyglot, Babbel, etc., il existe un ensemble de réseaux d’apprentissage sociaux dans bien d’autres domaines de l’éducation qu’il convient, en tant qu’enseignant, de mettre en avant pour rentrer dans le flux des pratiques de nos élèves et pour les préparer au monde professionnel.
A l’Université de Montréal, le Web 2,0 et les réseaux sociaux sont au cœur d’une révolution de l’enseignement et de l’apprentissage. A en croire la journée organisée par cette université « Le Web 2,0, les réseaux sociaux et l’éducation(12) » en mars 2009. Plus que jamais, les étudiants ont accès à des environnements collaboratifs qui favorisent le partage et la coconstruction des connaissances (Elgg, Ning, Wikis, etc.). Plus flexibles, les outils technologiques du Web 2,0 offrent aux apprenants un plus grand contrôle et favorisent l’émergence d’espaces d’apprentissage personnels (Facebook).
Les sites comme Wikipédia,Del.icio.us, YouTube et iTune U contiennent de plus en plus de contenu et d’approches susceptibles d’enrichir l’expérience d’apprentissage des étudiants.
Journées Réseaux sociaux et éducation sur le campus de l’Université de Montréal.
Un outil comme SHEFARI permet une lecture collaborative et la construction de bibliothèque virtuelle.
Vous pouvez aussi construire une bibliothèque virtuelle et des étagères pour afficher les livres que vous avez lus, vous voulez lire ou sont en train de lire les autres du groupe. Ensuite, à vous d’être le porte-parole en évaluant et en examinant vos livres afin que vos amis peuvent voir ce que vous pensez.
Selon la Vitrine Technologie – Education (NTIC.org), l’outil de réseau social le plus évolué actuellement s’appelle Elgg.com. C’est une application de logiciel libre, donc gratuite, pouvant être installée localement dans un établissement. L’idée centrale de Elgg (13)est celle d’un paysage d’apprentissage personnel ; on y rassemble de l’information, fréquemment de manière automatique – par exemple, à l’aide de Flux RS qui transmettent les derniers articles de journaux sur un thème précis ou des textes de blogues de personnes appartenant au même réseau social, ou encore, qui renseignent sur les nouvelles images en provenance de sites de partage de photographies.
Il est aussi possible d’effectuer des recherches dans les catalogues de ressources d’apprentissage, par exemple en se connectant au réseau Globe(14)
Le répertoire personnel contient donc des informations recueillies par .les flux ; il peut accueillir un blogue personnel ou un portfolio numérique ; tous ces éléments sont décrits par des étiquettes, des métadonnées, pour faciliter leur partage avec d’autres membres du réseau.
De même, toujours selon la Vitrine Technologie Education les réseaux sociaux d’apprentissage seraient un bon moyen d’intéresser les plus jeunes à l’écriture collective. Il reste toutefois que les sites sont encore peu nombreux. Parmi ceux-ci, ils citent MynoteiT(15) pour le partage de notes de cours en format écrit ou audio ainsi que l’accès à un agenda partagé.
Twitter a été expérimenté aussi dans l’enseignement supérieur par des enseignants pour faire parler les étudiants, voire pour apprendre à surveiller des profils ou experts(16).
C’est le cas d’Eric Delcroix, enseignant mais aussi aujourd’hui Community-Manager de l’UFR IDIST de l’Université de Lille 3. Il a commencé avec un JOUEB(17), communauté de construction puis a utilisé Facebook depuis 3 ans dans le cadre de projets d’années avec ses étudiants. En 2009 il a mis en place une expérience du cours avec Twitter dans le cadre d’exposés.
Cette année, il envisage de transformer son module de conférences en véritable cours avec travail en amont, pendant et après au travers d’un blog, de wiki, de Twitter, de Facebook, ou encore de Netvibes.
L’expérience menée (18) notamment sur un cours avec Twitter mérite le détour car, en dehors de l’organisation du cours en lui-même l’enseignant y mesure le retour des étudiants tout en apportant des perspectives d’avenir pour cette expérience.
On peu également citer des exemples d’application (payantes) comme NING.com qui permet d’organiser votre réseau social et de créer une passerelle pour votre activité en ligne et pour celles et ceux qui veulent aller plus loin il y a encore une grande variété d’applications Web 2.0 que vous pouvez utiliser dans votre quête de connaissances et que l’on peut retrouver dans une liste comportant le Top 25 (19).
Dans un dossier d’Educnet (20), on peut lire également que l’université de Leicester s’est intéressée aux médias sociaux et à la possibilité de mettre en place un réseau de partage et de réflexion entre apprenants et professeurs. L’un de ses enseignants a du coup ouvert un réseau sur l’agrégateur social FriendFeed.com avec des élèves de première année en biologie. Le but est de fournir des informations relatives aux cours - liens, dossiers… Mais aussi un forum de discussion sur lequel ils peuvent débattre - entre pairs ou avec des professeurs - des sujets évoqués. Et revenir sur les points à éclaircir.
Chaque participant dispose d’une page personnelle sur laquelle il peut indiquer où il en est dans son travail et ce qu’il ne comprend pas. Selon le responsable du projet, une telle initiative a permis de rendre les enseignants plus disponibles.
Les réseaux sociaux de la pratique enseignante et l’identité professionnelle sont analysés dans le cas du travail enseignant au collégial (Québec) par Martin Robitaille et Louis Maheu (21)
Il est important d’établir dans le cadre de la distinction entre un environnement numérique d’apprentissage (ENA) et l’application de réseaux sociaux.
C’est ce qui a été fait par la Vitrine Technologique-Education (Ntic.org) en parlant de réseautage social L’environnement numérique d’apprentissage est basé sur le concept de cours et axé sur la livraison de contenu. Il regroupe un ensemble d’applications et de logiciels informatiques utilisés pour l’enseignement et l’apprentissage ; il englobe toutes les plateformes de gestion de cours, de gestion de contenu ainsi que les outils logiciels.
Au collégial, l’environnement numérique d’apprentissage le plus utilisé est DECclic3 tandis que dans les universités, on trouve Moodle4 ou WebCT5. Sur le plan mondial, un grand nombre d’institutions ont amorcé une démarche d’adoption de normes et de standards de formation en ligne, principalement le support de l’ensemble de spécifiques SCORM6 pour assurer la pérennité des contenus et des développements à venir. En revanche, une application de réseau social est basée sur le concept d’apprenant et axée sur les interactions entre les apprenants à l’intérieur d’une communauté d’intérêt (22)
Il ne s’agit donc plus seulement de consommer de l’information, mais aussi d’en produire et de la partager. Certains outils de réseaux sociaux peuvent donc très bien être intégrés à des environnements numériques d’apprentissage.
5 CONCLUSION
L’avenir est à l’Internet des objets (23) et au nomadisme avec les Smartphones. Ces évolutions risquent encore d’accroître le fossé entre l’enseignant et l’apprenant si le premier ne se décide pas dés aujourd’hui à rentrer dans le flux des pratiques avec une orientation Web social. C’est aussi aux universités de chercher à mieux saisir les réseaux sociaux afin de les institutionnaliser.
On ne peut malheureusement encore déplorer aujourd’hui qu’un certain manque d’intérêt pour la nature sociale de cet apprentissage social.
Mais je le rappelle à nouveau « Les écoles, les collèges, les lycées et les universités sont avant tout des réseaux sociaux(24) »
Bibliographie et webographie
[1] Christine Vaufrey, « L’apprentissage social, retour aux sources », Site : Thot.cursu.edu, 12 janvier 2010
[4] Cf : « Networked Individuals : How they are reshaping social life and learning environments
[5] Laure Kalterbach et Alexandre Joux, “Les nou velles frontières du Net : Qui se cache derrière Internet ?”, Ed. First Société, 2010, 266 pages.
[8] Christine Balague et David Fayon, « Facebook, Twitter et les autres », Collection Village mondial, 2010, 238p
[9] STIEGLER, Bernard et al. Réenchanter le monde : La valeur esprit contre le populisme industriel. Paris : Flammarion, 2006
[17] Joueb.com est une communauté de construction de jouebs, (joueb = journal web, traduction de weblog et blog).
[21] Martin Robitaille et Louis Maheu, Revue des sciences de l’éducation, vol. 19, n° 1, 1993, p. 87-112.
[24] Jean-Paul
Pinte, « Vers des réseaux sociaux d’apprentissage en éducation », p.82-86, n°47,
Les Cahiers Dynamiques, Editions ERES , Juillet 2010.
Résultats du sondage mené par le Café Pédagogique :
Pinte Jean-Paul, Maître de conférences SIC
Pinte.jp@gmail.com
Laboratoire d’Innovation Pédagogique
Université Catholique de Lille, 60, Bd Vauban, 59000 Lille
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